- bourde
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• 1180; p.-ê. de l'a. provenç. borda « mensonge »1 ♦ Vx Mensonge pour abuser qqn. ⇒ baliverne.2 ♦ (XVIIIe) Mod. Faute lourde, grossière. Faire une bourde. ⇒ bêtise, bévue, blague, 2. gaffe; fam. connerie.Synonymes :- bévue- blague (familier)- boulette (familier)Histoire inventée pour abuser quelqu'un ; mensongeSynonymes :- mensongebourden. f.d1./d Propos mensonger, baliverne. Raconter des bourdes.d2./d Par ext. Erreur, bévue.I.⇒BOURDE1, subst. fém.A.— Histoire inventée pour amuser, ou, plus souvent, pour dissimuler la vérité.1. [L'accent est mis sur la notion de plaisant.] :• 1. Nous voudrions plaisanter, trouver à dire quelque bourde. Hélas! le cœur nous manque. Nous sommes terriblement muets.G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 231.2. [L'accent est mis sur la notion de mensonge] Ce que nous avons pu leur faire avaler de bourdes (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 107) :• 2. De Scève hausse les épaules : — C'est tout à fait lui, ça! L'excuse la plus absurde, la bourde la plus épaisse, vous pouvez être sûr qu'il vous les servira... C'est outrageant, vous ne trouvez pas, un mensonge bête?VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 158.B.— Erreur grossière due à l'ignorance ou à l'étourderie. Faire, commettre, rattraper une bourde.— Domaine de l'expr. orale. Elle [Céline] dégoisait d'innombrables bourdes (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 222).— Domaine de l'expr. écrite. Le monde est ma représentation et c'est pourquoi les journaux paraissent toutes les vingt-quatre heures, avec leurs fautes de français et leurs bourdes et leurs coquilles (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 339) :• 3. J'ai dit, en effet, que la plus ancienne biographie de Jeanne d'Arc était de Vallet de Viriville. Essayé ensuite de rattraper cette bourde, mais elle a été bel et bien réimprimée dans l'édition anglaise de mon livre après avoir fleuri dans l'édition américaine.GREEN, Journal, 1944, p. 107.Prononc. :[
].
Étymol. ET HIST. — 1180 « conte forgé pour abuser de la crédulité de qqn » (JORD. FANTOSME, Chron., 1251 dans GDF. Compl.); XVIIIe s. p. ext. « faute lourde, bévue » (d'apr. Lar. Lang. fr.); 1836 (STENDHAL, Lucien Leuwen, p. 839); dans la lexicogr. à partir de Ac. 1932.D'orig. obsc., de même que l'a. prov. borda « mensonge » (apr. 1291, trad. prov. du Livre de Sidrac dans RAYN.); peut-être à rapprocher du lat. des gloses burdit glosé(CGL t. 2, p. 31) de
« s'enorgueillir »; ce gr. est rapproché par Brüch dans Z. fr. Spr. Lit., t. 49, p. 311 de
« faire du bruit »; burdit aurait donc signifié « il fait du bruit » puis « il fait du bruit pour se faire remarquer »; d'où le subst. verbal burda « bruit pour attirer l'attention, vantardise »; EWFS2 identifie ce burda avec burda « chalumeau » attesté par Ausone, prob. onomat. L'hyp. qui fait de bourde une forme contractée de behorde subst. verbal de l'a. fr. behourder « jouter à la lance » (DIEZ5, p. 531; REW3, n° 1411) semble difficilement acceptable du point de vue sém., behort n'étant jamais attesté qu'au sens de « lance pour la joute » « joute » (XIIe s. dans GDF.); elle est, d'autre part, incompatible avec le lat. des gloses.
STAT. — Fréq. abs. littér. :57.DÉR. 1. Bourder, verbe intrans. [Correspond à bourde1] Dire des bourdes, des plaisanteries. Ces raisonneurs qui « bourdent » et raillent à propos des choses de la religion (FARAL, La Vie quotidienne au temps de st Louis, 1942, p. 231). — Dernière transcr. dans DG : bour-dé. — 1re attest. ca 1223 (G. DE COINCY, Mir. Vierge, 485, 47 dans T.-L.); qualifié de ,,vieux mot`` dans Trév. 1704; dér. de bourde1, dés. -er. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Bourdeur, subst. masc. Celui qui dit des bourdes. (Attesté dans Ac. 1798-1878, BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., DG, QUILLET 1965). — Dernière transcr. dans DG : bour-deùr. — 1re attest. premier tiers du XIIIe s. borderes (Fergus 47, 20 dans T.-L.); fin XIIIe s. bourdeur (Richard le Beau, 4559 dans T.-L.); dér. de bourde1, suff. -eur2.BBG. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 311. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 136.II.⇒BOURDE2, subst. fém.A.— MARINE Étai permettant de soutenir provisoirement un navire échoué.B.— Longue perche servant aux bateliers à diriger leur embarcation sur les rivières, les canaux. Et la bourde au creux de l'épaule, de pousser droit à la rive (GENEVOIX, Routes de l'aventure, 1958, p. 145).Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1381 borde « poutre, bâton » (Indentura, Rym., 2e éd., VII, 328 dans GDF., s.v. borde); demeure dans le parler région., v. GDF. et en prov. mod. (MISTRAL); 1831 mar. (WILL.). Dér. régr. de bourdon1 « long bâton ».
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 136.III.⇒BOURDE3, subst. fém.TECHNOL. Mélange de sel et de soude servant à la fabrication du savon et du verre. Synon. soude salée, barille. Enfin la bourde, qualité très-inférieure, très-chargée de charbon, de sel marin et de matières terreuses (Ch.-A. WURTZ, Dict. de chim. pure et appliquée, t. 2, 1876, p. 1556).Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Ac. 1932.Prononc. :[]. Étymol. et Hist. [1671 lat. sc. borda « soude » (G. BAUHIN, Pinax theatri botanici dans ROLL. Flore t. 9, p. 165)]; 1723 bourde « mauvais sel de soude » (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm.). Empr. de même que le langued.bourdo (MISTRAL) et le sicilien burda, à l'ar.
« typha angustata », peut-être identique à
« papyrus » (v. FEW t. 19, s.v.
; DEI, s.v. burda; A. Steiger et J. J. Hess dans Vox rom., t. 2, 1937, pp. 72-73). Un rapp. avec le prov. bort, bourd « bâtard » (DAUZAT 1968; EWFS2) ou avec l'esp. burdo « grossier, ordinaire » (BARB. Misc. 4, p. 14) ne convient pas du point de vue sémantique.
1. bourde [buʀd] n. f.ÉTYM. 1180; orig. obscure, p.-ê. à rapprocher de l'anc. provençal borda « vantardise » ou (Guiraud) de la forme dialect. borde, var. de bourre « flocon », par métaphore « mensonge », du gallo-roman burra, burrita « coquille; fétu ».❖1 Mensonge fait pour abuser, pour tromper. ⇒ Baliverne, calembredaine, invention, plaisanterie. || Raconter des bourdes. || Il a sorti une énorme bourde dans sa conférence. || Relever quelques bourdes dans un livre.1 Qui baillent pour raisons des chansons et des bourdes.Mathurin Régnier, Satires, X.2 Les pauvres gens qui ne savent rien du christianisme ni de son histoire bâfrent goulûment cette bourde énorme.Léon Bloy, le Désespéré, p. 87.2 (XVIIIe). Faute lourde, grossière. || Faire une bourde. || Dire, commettre des bourdes. ⇒ Erreur, faute; bêtise, bévue, blague, bourdante, gaffe.3 D'ordinaire, un traducteur copie les traducteurs précédents, de confiance et sans toujours savoir quelles bourdes il perpétue.J. Green, Journal, 21 déc. 1977, La terre est si belle, p. 217.❖DÉR. Bourdante. — 3. Bourdon.HOM. 2. Bourde.————————2. bourde [buʀd] n. f.ÉTYM. 1831; « bâton », 1381; de 1. bourdon.❖♦ Mar. Étai qui soutient provisoirement un navire échoué.❖DÉR. Bourdillon.HOM. 1. Bourde.
Encyclopédie Universelle. 2012.